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samedi 1 mars 2008

L'avis du visiteur de l'ile de Djerba



On pose le pied à l'aéroport international de Djerba, appréhendant le pire : une île bétonnée, aseptisée, défigurée par cinquante années de tourisme de masse. Pourtant, dès le premier regard, elle apparaît comme un vaste jardin de palmiers et d'oliviers telle que la découvrirent Ulysse et ses compagnons d'Odyssée. D'Ajim à Hara Kbira, d'El-Kantara à Cedriane, s'étalent les vergers de dattiers, de grenadiers, de figuiers, de caroubiers - qui font sa beauté depuis l'Antiquité. Ile plate, rocailleuse. Des femmes marchent vers nulle part, drapées dans leur fouta, un voile d'épais coton blanc. De grands chapeaux de paille les protègent du soleil. La campagne est piquetée de maisons blanches rongées par l'air salé, aux allures de forteresses.


Ici, où que vous vous trouviez, l'horizon a la couleur verte et bleue des palmiers mêlés au ciel ou à la mer", murmure Mahrzia, djerbienne, née avec le tourisme. Elle ajoute : "C'est un rêve." Un miracle, plutôt. Car, dès les premiers signes de fièvre hôtelière dans les années 1960, une poignée de notables djerbiens s'est constituée en association de vigilance. Le paysage lui doit ses constructions basses ne dépassant jamais le plus haut palmier de l'île ; réglementation bienvenue qui dissimule les toitures sous le foisonnement des feuilles de palme, comme celle qui, en campagne, oblige à construire sur un terrain de 2 500 m2 minimum, préservant les vergers qui valent à Djerba son surnom d'"île jardin".


Du coup, le tourisme intensif reste cantonné au nord-est où, de Mezraia à Midoun, une barrière de stuc et d'enseignes lumineuses tournée vers le golfe de Gadès sert d'écrin aux piscines, thalassos et spas, but final de vacanciers éreintés. Mais à l'ouest entre Mazrane et Ajim, au sud-est vers la Chaussée romaine, ce sont des grèves sauvages garanties sans paillotes, paradis des oiseaux, des coquillages et des enfants. Pour combien de temps encore ? Un nouveau tourisme s'annonce avec les meilleures intentions puisque celles-ci sont écologiques. Les investisseurs sont prêts, les projets se peaufinent.


Djerba n'est pas seulement un délicieux piège à farniente, elle est une île qui se bat en douceur pour garder sa mémoire. Houmt Souk reste le gros bourg tranquille que Flaubert a connu. La "capitale" offre au flâneur un dédale de rues pavées, de terrasses de cafés ombragées de bougainvilliers ou de figuiers. Les habitations chaulées, la peinture des volets et des portes rappellent que les couleurs de Djerba claquent en blanc et bleu azur. L'auberge de jeunesse a investi un ancien foundouk (caravansérail), véritable pièce de musée toujours vivante.
Le souk, avec ses ruelles aux épices, sa criée au poisson, unique en Tunisie, attire les Djerbiens comme elle le fait depuis des siècles. Sous la halle, les pêcheurs coiffés d'un chapeau de paille et fleur de jasmin piqué derrière l'oreille brandissent des guirlandes de seiches passées sur un fil en chantant leur mélopée d'enchères à une foule concentrée. Hormis le grand panneau qui prévient le touriste : "Achetez votre poisson et faites-le cuire à votre hôtel", rien n'a trahi l'âme du village. Seul tribut à la modernité, la marina qui a remplacé des entrepôts délabrés où, depuis le mois de juin dernier, il fait bon déjeuner en terrasse sous les parasols.


A 10 km dans les terres, Erriadh, le plus vieux village juif de l'île, propose une halte hors du temps. Sa synagogue El-Griba abrite l'une des plus anciennes thoras du monde. C'est ici même, où juifs et musulmans cohabitaient paisiblement, qu'au printemps 2002 un attentat à l'explosif a fait quinze morts, paralysant le tourisme pendant trois ans. Erriadh a retrouvé sa sérénité.
Au détour d'une ruelle, une façade flanquée de deux cactus : l'Hôtel Dar Dhiafa, première expérience du genre, indique la direction que le gouvernement souhaite donner à son tourisme : charme, haut de gamme, patrimoine. Ces cinq houchs (habitations traditionnelles), réunies pour former un labyrinthe de patios et de chambres, s'avèrent être un havre de calme et de fraîcheur qui transporte le voyageur des millénaires en arrière, quand Djerba était une géante.
"Cette île est un don du ciel. Tout y est original." Il y a dans lavoix d'Houcine Tobji, historien, l'émotion de celui qui célèbre une déesse oubliée. "Elle a rayonné dès le VIIe siècle avant notre ère, à l'époque de Carthage, quand ses cousines du littoral ont attendu deux mille ans pour en faire autant." Houcine Tobji, lui, a mis dix ans pour créer le Musée du patrimoine à Guellala, véritable îlot de mémoire en plein raz-de-marée golf-planche à voile-thalasso. Juché sur le point culminant de Djerba (52 mètres !), s'il reçoit un public encore clairsemé, sa situation dominante sur la baie de Guellala attire les Tunisiens qui aiment y contempler le soleil couchant.
Dans le palais, le touriste saturé d'images en trois dimensions retrouve le plaisir simple de scènes comme croquées sur le vif, qui évoquent la vie quotidienne depuis l'Antiquité. "Djerba a tout créé, parce qu'elle n'avait rien", précise Tobji : les huileries souterraines. Le tissage des fils d'or et d'argent à Biskri. Les poteries pour exporter l'huile et l'orge. C'est ici qu'est née la couleur pourpre, ce "rouge profond et éclatant", grâce au murex, un mollusque qui se plaisait dans les sables du Sud. Ainsi que l'emballage sous vide, sous forme de jarres bouchées avec un tissu et scellées par de l'argile.



Ile phare, convoitée puis envahie par les Vandales et les Byzantins, elle dut inventer l'autosuffisance. De cette capacité à ne compter que sur soi, restent les menzels plus ou moins à l'abandon qui émaillent la campagne entre Midoun et Mahboubine. Ces exploitations agricoles organisées autour d'une maison refermée sur elle-même représentent un exemple si réussi de développement durable et d'autarcie que l'Unesco envisage de les inscrire sur sa liste du Patrimoine mondial.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,je vous prie de bien vouloir trouver le texte du commentaire que je viens de publier sur le site Tripadvisor suite à un séjour à L'hotel Laico de Djerba,

http://www.tripadvisor.fr/Hotel_Review-g297948-d602995-Reviews-Laico_Djerba_Hotel-Midoun_Djerba.html

Bon dans l’ensemble les commentaires résument bien l’ambiance générale de cet hôtel, au quotidien, oui, mais attention en cas de problème il ni a plus personne.
Le 27 février à 18h15, la jeune fille de 14ans d’un couple d’amis fait un mauvais plongeon dans la piscine avec comme conséquence la fracture d’une vertèbre cervicale et la brutalement a belle machine se grippe aucun secours immédiat pour la sortir de l’eau, s’il ni avait pas eu sa camarade pour la soutenir elle se serait noyé, les parents à proximité on put l’extraire ,le « chef » des animateurs qui était à quelques pas ne s’est même pas approché pour apporter son aide , pas de brancard pour transporter la victime , l’infirmerie était déjà fermée , et même le médecin de la thalasso a refusé de se déplacer.
La jeune fille a été prise en charge rapidement par la clinique de « Djerba la douce » et principalement par le docteur Hanodi et son équipe que je salue ici pour sa compétence et son humanité, le
diagnostique a été établi et la décision de rapatriement prise dans la soirée, l’avion sanitaire est arrivé vers 4 h du matin pour être de retour à l’aéroport du Bourget à 9h, (rappelez-vous c’était je jour de la tempête et l’atterrissage fut très agité), et transportée à l’hôpital Beaujon à PARIS ou elle fut opérée dans l’après midi.
Ce qui est scandaleux dans cette affaire c’est que la direction de cet établissement ne c’est à aucun moment manifestée auprès des parents pour leur apporter aide et réconfort et de prendre des nouvelles, totale indifférence, le touriste ne reste qu’une machine à cash !
Je remercierais tout même le personnel du restaurant et de la réception pour leur présence et leur aide et je n’oublierais pas un jeune animateur qui n’était pas présent au moment de l’accident mais qui est venu spontanément aux nouvelles.

Bien à vous
Jarrid Benenn

PS: il s'agit de mon 8éme séjour en Tunisie

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